Témoigner

J’ai 52 ans, presque l’âge du début des cancers gynécologiques que ma maman a subis. Pour éviter cette galère, ma gynécologue m’a conseillé de faire le test BRCA. Ma maman a dû le faire avant moi et si elle est positive au BRCA, je pourrai ensuite le faire. Elle a longuement hésité, l’a finalement fait et on a attendu environ 1 an et demi les résultats… Elle est positive au BRCA 1 et a 3 filles. Deux d’entre nous sommes également mutées BRCA 1, dont moi qui suis l’aînée.

J’ai bien compris que pour diminuer le risque de 95 % de ces cancers sein et/ou ovaires, une seule solution : celle des chirurgies prophylactiques, et en même temps c’est une chance de pouvoir le faire avant le ou les cancers ou la surveillance rapprochée, qui ne les empêche pas.

Décision très difficile a prendre car peu de témoignages trouvés sauf sur le site Geneticancer, que je remercie ! La lecture du livre de Laetitia la veille de ma mastectomie m’a été oh combien utile, car il m’a révélé la vérité sur ce que j’ai aussi subi ! Merci donc à la création du site, du livre, de l’investissement pour les BRCA ! Merci aussi aux médecins radiothérapeutes avec qui je travaille en tant que secrétaire médicale, aux patients que nous suivons car, aussi indirectement grâce à eux, je sais à quoi j’espère avoir échappé, sans oublier bien sûr les consultations avec l’oncogénéticienne et les chirurgiennes, le psy (passage obligatoire avant les interventions) pour m’avoir aidée à prendre une décision.

Je me suis lancée dans ce long parcours qui est beaucoup moins long que si j’avais eu un cancer. Il faut la casser cette épée de Damoclès lourde à porter ! J’ai commencé par une annexectomie bilatérale en ambulatoire. Intervention très simple, bien passée et GO pour les inconvénients directs de la ménopause mais de toute façon celle-ci était sur le point d’arriver. Elle est arrivée plus brutalement que naturellement mais ce n’est pas insurmontable, juste un tournant de notre vie qu’il faut accepter…

Puis re-hésitation quant à la mastectomie bilatérale avec reconstruction immédiate car là, il s’agit d’une chirurgie beaucoup plus lourde et longue. Au niveau de la reconstruction, a été retenu un lipomodelage exclusif. J’étais super contente de pouvoir bénéficier de mes propres tissus, de délocaliser ma graisse ! J’ai retenu la pose de prothèses mammaires car je n’en pouvais plus de ces anesthésies à répétition qui m’ont épuisée en plus de ma pathologie déjà existante (fibromyalgie).

J’ai donc rêvé de la réussite du lipomodelage exclusif, de vivre avec mes propres tissus sains. Je me retrouve et apprends à vivre, souvent douloureusement malheureusement.

A présent, le plus important est que l’épée de Damoclès soit définitivement cassée, et derrière moi ! Le résultat esthétique est satisfaisant (dommage qu’il le soit moins au niveau du ressenti…) mais sans toutes ces interventions, où en serais-je aujourd’hui et demain ? »